Monsieur F. et les soignants !


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 1.459 fois.

Vis ma Vie à l'Hôpital !


Lorsqu'un homme politique se déplace dans des lieux comme les hôpitaux, c'est un peu comme si un monarque rendait visite à ses serfs. Un souverain, certes, mais pas n'importe lequel puisqu'il ne s'agit pas là d'un Saint Louis de pacotille qui, selon l'usage, laverait les pieds de treize pauvres bougres chaque Jeudi Saint en mémoire de la cène. Notre tête couronnée ne s'abaisse pas à ce genre de bassesse. D'ailleurs elle n'a qu'une idée très littéraire ou statistique des problèmes de ce bas monde. Aussi, lors de ces visites très protocolaires à l'hôpital, elle s'emploie à tester des machines, visiter des locaux ou serrer des mains avec une appréhension toute contenue d'être contaminée par une quelconque maladie nosocomiale. Beurk !

Ainsi, notre Ministre de la santé a-t-elle pu expérimenter la merveilleuse machine qu'est l'échographe en mai 2015. Avec ses petits doigts habiles, elle a réalisé toute seule, comme une grande, la première échographie à distance dans la maison de santé pluridisciplinaire de Ligueil en Indre-et-Loire. Notre Marisol nationale en était toute chamboulée. Pensez, un tel miracle technologique. Rappelons que le premier échographe date de.... 1951 et que le patient/cobaye pour cette petite expérience réjouissante était un interne en médecine.

Pendant que le personnel soignant trime à l'hôpital, ces messieurs-dames se divertissent donc et se la jouent façon "Vis ma vie à l'hôpital" avec, toutefois, quelques réserves. A titre d'exemple, ils n'auraient pas l'idée saugrenue d'effectuer une aide à la toilette ou un change auprès d'une aide-soignante. Pas plus qu'ils ne songeraient à accompagner une infirmière dans sa course folle contre le temps dans les couloirs interminables de l'hôpital.

F....comme Fillon, Finance, Flagellation, Froideur, Frozen...Fuyons !


Il y a quelques jours, un reportage a été diffusé sur France2 dans lequel on a pu suivre la visite de François Fillon, candidat à la présidentielle, dans un Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Bry-sur-Marne dans le Val-de-Marne. Durant cette émission politique "Sans filet", la parole fut donnée aux soignants qui ont pu faire part de leurs doléances. Les thèmes récurrents tels que l'épuisement professionnel, la pénibilité, les dégradations des conditions de travail ont ainsi été égrenés tel un chapelet.

A ces revendications, Monsieur Fillon a répondu par la nécessité d'une augmentation du temps de travail à 39 heures hebdomadaire. Ce qui permettrait, selon son programme, de réaliser une économie substantielle de 15 milliards sur la dépense publique. Ce retour en force des 39 heures aboutirait à la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires tous secteurs confondus. Bien évidemment, les aide-soignantes et les infirmières présentes ont réfuté cette résolution qui les plongerait dans un désastre professionnel bien plus grand encore.

Pour couper court à toute discussion avec ce peuple des sans-dents, notre candidat au poste le plus prestigieux de l'État, a brandi son arme fatale, sa botte de Nevers, son "échec et mat à tous les coups on gagne", à savoir, la sempiternelle dette de l'État qu'il leur a balancé en pleine poire façon "c'est de votre faute si on en est arrivé là", "Je vais donc devoir fabriquer de la dette pour vous satisfaire".

Ces malheureuses femmes ont donc dû, le temps d'une interview, porter le poids de la dette nationale sur leurs frêles épaules déjà bien usées par la pénibilité de leur travail.

La culpabilisation est un outil de manipulation utilisée en management. Vous voulez "que je fasse de la dette supplémentaire", rétorque Monsieur Fillon à l'aide-soignante dans ce reportage. Monsieur Fillon prend la posture de la victime. S'il tient compte des revendications des soignants, il doit créer de la dette supplémentaire et met le pays en péril. Implicitement, le soignant est rendu responsable de cette éventuelle menace. Le sujet est clos, il n'y a pas lieu d'argumenter face à un tel danger.

La peur et le chaos sont souvent utilisés pour persuader du bien fondé d'une idée ou d'un changement. La personne qui a peur est en situation de réceptivité passive. De plus, si on lui fait croire qu'elle est responsable d'une situation, elle s'auto-dévalue, culpabilise et cesse toutes actions.

Ainsi se meurt la simple idée d'une révolte...

La Culpabilité Oui, mais pour Qui ?


Selon trois chercheurs américains qui ont publié les résultats de leurs recherches dans un article intitulé "Prédisposition à la culpabilité et moralité" dans la revue Current Directions in Psychological Science, les personnes qui culpabilisent facilement sont plus honnêtes, humbles et ont un comportement plus éthique et responsable que ceux que la culpabilité n'effleure pas qui sont généralement plus malhonnêtes et arrogants.

A ce propos, parlons de dette et évoquons simplement les casseroles que traînent notre candidat aux élections présidentielles. Vous avez dit argent public...




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