Les infirmiers dits de pratique avancée seront-ils le nouveau visage de notre système de santé ?


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 612 fois.

Cette nouvelle profession contribuera à redéfinir l’accompagnement du patient dans son parcours de santé, et ce en collaboration avec tous les professionnels du secteur.

Si la profession exercée par les 681.459 infirmières et infirmiers (1) est plutôt bien connue de nos concitoyens, celle d’infirmiers de pratique avancée reste illisible pour le grand public. Et pourtant, donner aux infirmiers, après une formation complémentaire, de nouvelles responsabilités dans la prise en charge de patients est bien dans l’air du temps et les 300 premiers représentants de cette nouvelle profession (2) sont déjà en formation, voire à l’œuvre, dans certains établissements.

Bien que la pratique avancée soit une réalité dans plus de 50 pays, elle n’a été officiellement instaurée en France que par la loi de modernisation de notre système de santé en 2016. De plus, la possibilité d’exercer en pratique avancée pour les infirmiers et les autres professions de santé peine encore à trouver son cadre réglementaire. Si les textes encadrant ces nouvelles pratiques infirmières sont attendus dans les semaines qui viennent, force est de constater qu’ils témoignent encore, à ce stade, de l’absence d’une véritable vision pour ce futur statut.

Une profession nouvelle
Dans le contexte actuel d’un accès de plus en plus difficile à des soins de qualité, l’arrivée d’infirmiers capables d’épauler les médecins est assurément une bonne nouvelle. Cette nouvelle profession contribuera à redéfinir l’accompagnement du patient dans son parcours de santé, et ce en collaboration avec tous les professionnels de santé. Mais cela suppose que chacun, notamment les médecins, soit prêt à leur laisser une véritable place et ne les voit pas comme de simples auxiliaires ou assistants médicaux.

• Une formation accessible
Cette reconnaissance passera assurément par une formation universitaire de qualité au sein de masters spécifiques. Encore faut-il que ces cursus se développent - il n’y en a actuellement que deux en France - et soient accessibles à tous les infirmiers qui le souhaitent: que ce soit dès la fin de la licence ou après un temps d’exercice professionnel, les modalités pratiques et financières de ces diplômes devront répondre à une diversité de situations. De plus, le programme de ces formations devra tenir compte des besoins réels du terrain, particulièrement en termes d’effectifs requis, d’organisation des soins sur le territoire ou des compétences à acquérir.

• Une présence dans les territoires
Si les premiers infirmiers de pratique avancée exercent principalement dans les hôpitaux, la France se distingue aussi par sa médecine ambulatoire dite «de ville». Il serait donc tout naturel que ces infirmiers, notamment ceux formés aux soins de proximité, aient vocation à exercer prioritairement en ville. Dans ce cadre, le travail de ces nouveaux professionnels ne peut s’envisager qu’au sein d’équipes coordonnées associant des médecins généralistes, des infirmiers et d’autres professionnels de santé, constitués en équipes de soins primaires (3) et en lien avec les associations de patients.

• Une mission prioritaire
Ce travail d’équipe devra répondre aux enjeux territoriaux, ce qui passera forcément par une liberté d’organisation des acteurs locaux. Cela suppose aussi que la mission prioritaire de ces professionnels soit tournée vers les soins primaires, c’est-à-dire la prise en charge globale de la population d’un territoire. Le suivi de pathologies chroniques, l’accompagnement dans le parcours de soins mais aussi le renforcement de leur rôle dans la prévention ou l’éducation thérapeutique sont autant de champs d’intervention dans lesquels s’inscriront les missions des infirmiers en pratique avancée. À ce titre, ces professionnels exerceront de nouvelles compétences, comme des actes techniques, des consultations infirmières ou certaines prescriptions.

Ces infirmiers en pratique avancée ne prendront la place de personne, mais viendront compléter l’offre de soin globale. C’est sur la base de cette certitude que nous appelons de nos vœux l’arrivée de ces professionnels de santé. Si une telle révolution ne peut faire l’unanimité, nous sommes convaincus que notre système de santé gagnera à encourager la collaboration et le respect mutuel entre professionnels de santé. Ceci permettra de reconnaître la valeur ajoutée des prises en charge en équipe dans l’intérêt de tous, patients comme professionnels de santé.

(1) DREES, 2017.(2) Gic REPASI de l’ANFIIDE, réseau de la pratique avancée en soins infirmiers.(3) Article L1411-11-1 de la loi de modernisation de notre système de santé n° 2016-41 du 26 janvier 2016.

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