Après les gilets jaunes, les blouses blanches des infirmières pour un ras-le bol général


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 202 fois.

Même si ces derniers jours sont marqués par les innombrables actions des gilets jaunes, les infirmières libérales et hospitalières de toute la France se sont mobilisées ce mardi 20 novembre 2018 pour exprimer un ras-le bol général. Pas une revendication ou une demande, mais une liste à la Prévert, témoignant que les nombreux mouvements infirmiers de ces derniers mois n’ont pas été entendus par les autorités. Ce 20 novembre a marqué une nouvelle étape dans cette opposition entre la profession infirmière d’une part et les autorités publiques d’autre part.

Le ras-le-bol des infirmières libérales et hospitalières, un sentiment prévisible et pourtant …

Depuis des semaines, des mois et même des années, les infirmières libérales portent des revendications, avec à chaque fois la même réponse des autorités publiques : un silence jugé méprisant et blessant par une grande partie de la profession. La situation n’est guère différente pour les infirmières exerçant en milieu hospitalier. A chaque crise, des mesures disparates sont annoncées pour calmer les colères du moment, mais la profession reproche ce manque de vision et de projet pour leur quotidien. Du côté des infirmières libérales, la coupe semblait pleine au début de l’été, après que les négociations conventionnelles aient été stoppées de manière définitive ( ??) tandis que des réponses étaient attendues. Plusieurs ultimatums ont été posées par les syndicats et les infirmières libérales, sans qu’aucune des menaces ne produise les effets escomptés. On leur promettait des réponses et des mesures à l’occasion de la réforme du système de santé, annoncé pour le début de l’automne 2018. Avec la réforme sobrement baptisée Ma Santé 2022, les infirmières se sont senties, une nouvelle fois, trahies et trompées. Les assistants médicaux, promis par cette Réforme, ont attisé la colère, laissant un sentiment d’injustice dans l’esprit des infirmières et infirmiers libéraux.

Il a donc été décidé de réagir en appelant à la mobilisation générale. La date du 20 novembre a été retenue pour exprimer cette colère grandissante. Une fois n’est pas coutume, mais l’unanimité s’est faite autour de cet appel, puisque ce n’est pas moins de 16 organisations syndicales qui se sont réunies pour organiser cette journée de mobilisation. Partout en France, les professionnelles de santé étaient appelées à manifester devant les préfectures mais aussi devant le Ministère de la Santé à Paris.

Des revendications tous azimuts pour témoigner d’un malaise profond et durable

Les infirmières libérales et hospitalières comme les syndicats mobilisés pour l’occasion se sont mobilisés pour être présents dans les médias. Leur objectif est simple : faire connaître leur ras le bol général. Ils entendent bien être entendus cette fois-ci, alors qu’ils ont déjà été échaudés de nombreuses fois. Répondant aux questions des journalistes d’une radio nationale, Catherine Kirnidis, présidente du Sniil soulignait : « On a une population vieillissante, qui a de plus en plus besoin de soins, on est sur le terrain sept jours sur sept, on est dans les territoires les plus reculés, en milieu rural. On est là quand les médecins ne répondent plus le vendredi à partir de 18 heures ». Le plan Santé 2022, dévoilé par le gouvernement au début du mois de septembre, est une goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pourtant, les revendications de la profession ne sont pas nouvelles et même s’il existe des différences entre les IDEL(s) et les infirmières hospitalières, toutes et tous demandent plus de reconnaissance et de moyens. La réforme de la santé n’est, selon une grande majorité d’infirmières et d’infirmiers, qu’une réponse apportée au corps médical. La profession se plaint d’avoir été, une fois de plus, ignorée et Sandra de Araujo, du SNIL 37, allait même loin en déclarant aux journalistes : «  Une fois encore, notre profession est bafouée, sans doute parce qu’elle est féminisée à 85 %. Il y a un historique pesant. On nous voit toujours comme des bonnes sœurs à cornette »

Une profession féminisée qui a du mal à se faire entendre ?

L’accusation est lancée. Et si les autorités pliaient à la loi du plus fort ? Et les infirmières ont-elles le pouvoir de lutter contre les revendications des médecins pour imposer leurs vues ? Les autorités n’ont eu de cesse de souligner les avancées, qui ont déjà été faites. Les pratiques avancées pour les infirmières sont mises en avant pour démontrer les avancées qui ont déjà été faites, avancées jugées insuffisantes par la profession. John Pinte, vice-président du Sniil, le confirme : « Il y a des choses que l’on fait au quotidien comme l’adaptation de doses de certains médicaments tels que l’insuline, parce que les médecins ne sont pas là le week-end ou parce que certains patients n’ont pas de médecin traitant ».

On constate donc, que quelques jours seulement après le mouvement des gilets jaunes, les infirmières et infirmiers portaient d’innombrables revendications. Elles étaient aussi, pour la plupart, concernés par la hausse des prix du carburant, car les déplacements font partie du quotidien d’une infirmière libérale, et avec une flambée des prix de l’essence, c’est le revenu des infirmières libérales qui s’en trouve impacté.

Trop de revendications, trop de dispersion, pas de message clair et fédérateur, …les reproches faits à cette grogne d’une profession toute entière ne se sont pas faits attendre, même si elles étaient nombreuses à exprimer leur colère un peu partout en France.

 

Un message enfin entendu par les autorités ? Ou de nouvelles actions à prévoir ?

Si les infirmières et infirmiers se sont répandus dans les médias, c’est aussi en raison des nombreuses contraintes les empêchant de manifester comme tout un chacun. La réquisition dans les établissements hospitaliers, l’obligation de continuité des soins pour les libéraux, voilà des arguments qui peuvent expliquer le manque d’écho fait à cette mobilisation, mais aussi des débuts d’explication au silence assourdissant des autorités publiques, qui savent les difficultés de la profession à se mobiliser efficacement.

Pourtant, le mouvement des infirmières du 20 novembre n’a laissé personne indifférent. Même le corps médical a fait preuve de compréhension, comme l’exprimait le Dr Margot Bayart, secrétaire générale de MG France : « Les infirmiers font un énorme travail au quotidien sur le maintien à domicile et la coordination. Ils compensent même parfois une démographie médicale en berne ».

La question essentielle reste de savoir si les autorités, à commencer par le Ministère de la Santé, ont entendu le message. Certes, une délégation a été reçu par le Ministère, ce qui aurait pu être de bon augure. Mais il suffit de prendre connaissance du texte publié par tous les représentants de la profession pour comprendre que la profession infirmière sera très probablement appelée à se mobiliser à nouveau. Ils regrettent de ne pas avoir été reçu par Mme Agnès Buzyn en personne, mais que la Ministre de la santé ait délégué « cette tâche à un conseiller technique nouvellement nommé ». Ils estiment qu’aucune réponse ne leur a été apportée au cours de cet entretien. « En conséquence, ces seize organisations adressent une demande d’audience au Président de la République afin qu’il prenne en considération les solutions à effet immédiat que les infirmier.e.s proposent pour garantir une sécurité des usagers, et des soins de qualité dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé. »

C’est donc un mouvement appelé à durer, qui semble avoir commencé ce mardi 20 novembre 2018, permettant de prolonger l’analogie avec celui initié par les gilets jaunes. Mais dans cette cohue médiatique, les infirmières et infirmiers ne risquent-ils pas de voir leurs demandes et leurs revendications disparaitre aux dépens d’attentes hautement plus médiatisées. La question est posée, même si la profession ne peut plus se permettre d’attendre.

 

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