Les infirmières libérales, agacées du traitement réservé aux pharmaciens


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 179 fois.

Il peut apparaitre difficile pour les infirmières libérales de faire entendre leurs revendications sans se montrer corporatistes. Pourtant, en matière de prescription notamment, les infirmières libérales ont beaucoup de mal à accepter l’élargissement de ce droit pour les pharmaciens, alors que leurs propres demandes sont rejetées depuis de nombreuses années.  

Quand les pharmaciens empiètent sur les compétences des infirmières libérales

Le conflit opposant pharmaciens et infirmières libérales n’est pas récente, même s’il connait, depuis plusieurs semaines, une nouvelle poussée. Il aura fallu, lors de l’examen de la loi de Santé, d’un simple amendement pour mettre à nouveau le feu aux poudres. En effet, une idée (ancienne) a été adoptée en mars dernier. Elle autorise le pharmacien à délivrer des médicaments sous prescription médicale pour des pathologies bégnines sans prescription. En d’autres termes, les patients pourront désormais se procurer un tel médicament sans forcément passer par la consultation d’un médecin généraliste. Immédiatement, les pharmaciens et les autorités publiques se sont empressés d’expliquer la démarche, afin de ne pas s’opposer au corps médical. Thomas Mesnier, député et rapporteur de la Loi de Santé, avait ainsi déclaré fermement : «  «Il n’est pas question ici de donner un droit de prescription aux pharmaciens » Cette possibilité de « prescrire » pour les pharmaciens sera accessible après formation de ces derniers et toujours en lien étroit avec le corps médical.

Cet élargissement du droit de prescription avait déjà été demandé par les pharmaciens mais aussi par les infirmières libérales au cours des années précédentes. On peut donc comprendre, que ce qui a été accordé aux pharmaciens n’apaisent pas la colère des infirmières et infirmiers libéraux, qui ne peuvent aussi que constater l’élargissement du droit de prescription à vaccination accordé aux pharmaciens, par cette même loi de santé.

La prescription pour les infirmières libérales, une demande récurrente et pourtant

De nombreuses infirmières libérales soulignent que leur propre demande d’élargissement de prescription a été rejetée, ne comprenant pas comme le pharmacien dans son officine pourra satisfaire aux attentes et aux besoins d’un patient alité à son domicile. L’hostilité contre cette mesure en faveur des pharmaciens se ressent aussi du côté des médecins mais pour d’autres raisons. Le président de la Fédération des médecins de France (FMF), Mr Jean-Paul Hamon l’explique en termes clairs : «Les pharmaciens ne sont pas habilités à prescrire des soins mais à conseiller. Ils ont une fonction très importante, mais je ne tiens pas à ce qu’ils changent de métier.»

Dans tous les cas, ces hostilités et ces conflits marquent une évidence, qui est, elle-aussi, au cœur de la réforme du système de santé en France : repenser le rôle et la coordination entre tous les professionnels de santé, tant à l’hôpital que pour les soins de ville. Et en la matière, les infirmières et infirmiers libéraux et hospitaliers ont leur mot à dire, sans que les autres professions médicales et paramédicales y voient une atteinte à leurs propres compétences.

Renforcer la place et le rôle de l’infirmière libérale, une ambition louable mais à quelles conditions ?

Bien que les compétences de l’infirmière libérale soient appelées à évoluer pour répondre aux nouvelles exigences d’une population vieillissante mais aussi à la transformation du système de santé (Plus d’hospitalisation à domicile, plus d’ambulatoire et donc une pression plus forte sur les demandes en soins dits de ville), le défi majeur réside bien dans la place qui est réservée à l’IDEL dans la santé publique de demain. L’infirmière ou l’infirmier libéral doit s’imposer en tant que le coordinateur (reconnu) des acteurs du domicile. L’élargissement du droit de prescription des infirmières libérales notamment se posera, mais cela ne doit pas se faire en opposition au corps médical mais bien en concertation avec ce dernier. Comment pourrait-il en être autrement, lorsque le gouvernement en appelle à une meilleure coordination entre les professionnels de santé, notamment avec la création des URPS (Union Régionale des Professionnels de santé) ? Et cette entente concerne aussi les relations qu’entretiennent infirmières libérales et pharmaciens. Les avancées pour les uns, en l’occurrence les pharmaciens, ne doivent pas être néfastes aux autres. Et du droit de prescription à la problématique de la vaccination, les nouvelles compétences accordées aux pharmaciens depuis plusieurs mois sont de nature à entamer l’entente cordiale souhaitable et souhaitée. Car faire évoluer le système de santé n’est pas envisageable en opposant et en stigmatisant chacune des professions concernées. Et en matière de prescription, force est de constater que les infirmières et infirmiers libéraux se sentent, une nouvelle fois, oubliés et méprisés.

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