Dans son discours de politique générale, Michel Barnier veut "accélérer l’accès aux soins grâce à une loi infirmières-infirmiers, qui ira plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi". La profession dans son ensemble a salué l'initiative. Mais les médecins libéraux restent, eux, circonspects.
Michel Barnier a consacré six minutes à la santé dans son discours de politique générale. Le Premier ministre a dévoilé quelques annonces, comme la hausse du nombre d'internes l'an prochain, la santé mentale comme grande cause nationale 2025, la reprise de la loi sur la fin de vie mais aussi une réforme sur le métier d'infirmière.
"Mon gouvernement vous proposera aussi d'accélérer l’accès aux soins grâce à une loi infirmières-infirmiers, qui ira plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi", a déclaré Michel Barnier.
Une loi initialement attendue au printemps 2023
Gaëlle Cannat, présidente du collectif des Infirmiers libéraux en colère, est ravie: "C'est une reconnaissance de ce qu'on fait déjà, c'est une façon de le valider, de donner la vraie place de l'infirmière et forcément d'être payée aussi en conséquence".
Au cours de son discours de politique générale, le Premier ministre a estimé qu’il fallait aujourd’hui répondre à "deux immenses défis que sont le fonctionnement de l'hôpital et la lutte contre les déserts médicaux".
Attendue depuis plus d'un an, une proposition de loi sur le sujet, portée par une députée de l'ex-majorité, était presque finalisée au printemps, avant d'être stoppée par la dissolution.
"Élargir leur droit à prescrire"
L'ordre national des infirmiers salue cette annonce, et appelle, en attendant la reprise des travaux parlementaires, à ce que les décrets de deux lois déjà votées soient publiés, pour mettre en place plusieurs choses: concrétiser "l’accès direct aux infirmières de pratique avancée (IPA)" et élargir leur droit à prescrire, créer officiellement le statut "d’infirmier référent" et offrir aux infirmières plus d’autonomie dans la prise en charge des plaies.
"Une médecine à deux vitesses", redoutent les médecins libéraux
Mieux rémunérer les actes actuellement réalisés par le monde infirmier et en permettre d'autres. Un moyen de dégager également du temps pour les docteurs. Sauf que cette annonce n'est pas pour plaire à tout le monde. "Ça va aboutir à une médecine à deux vitesses, nous ne sommes pas d'accord avec ça. Par contre, employer pleinement les capacités actuelles des infirmières, ça oui", fait savoir Sophie Bauer, présidente du syndicat des Médecins libéraux.
À commencer par développer les téléconsultations infirmière/médecins. Le syndicat insiste aussi sur la vraie alternative à son sens: les assistants médicaux. Solution également plébiscitée par Michel Barnier dans son discours.
Solène Leroux avec LM