les zones fragiles en Charente


Imprimer cet article Fermer cette fenêtre

Cet article a été publié le 04/10/2011 par brigitte bibi13 et a été consulté 2.995 fois.

Selon l'Agence régionale de santé, la médecine n'est plus le seul domaine sinistré. En Charente, tous les professionnels partagent le même constat. Espoir, la tendance pourrait se renverser en... 2030.

A Hiersac, Patricia Duclos a pris l’option de l’attractivité en ouvrant une maison médicale. Photo archives Majid BouzzitLa pénurie en médecins spécialistes va se faire sentir dans les cinq années à venir. Les métiers prioritaires sont les métiers médicaux, infirmiers et aides-soignants. Le constat est connu, mais cette fois, l’ARS, l’Agence régionale de santé, a affiné ses données, les a croisées pour aboutir à une photographie actualisée du désert médical qui se profile. Elle prend la forme d’une carte des «zones fragiles en professionnels de santé de proximité», en prenant en compte les densités, mouvements, l’activité libérale des médecins généralistes, dentistes, infirmiers et kinés.

Et confirme les craintes d’hier, quand elles ne concernaient que les généralistes. La carte dressée par l’ARS est explicite. Huit bassins de vie, dans le sud et le nord-est Charente sont classés zones fragiles. Et tous les professionnels établissent le même constat.

Christophe Brunet, président de L’Ordre des dentistes: «Depuis quelques années, les dentistes libéraux sont moins nombreux. Pour le moment, on arrive à tenir. Demain…» Parce que les étudiants sont formés à Bordeaux, Nantes ou Clermont-Ferrand, qu’ils préfèrent y rester pour exercer. Inquiétant quand «dans cinq ou dix ans, la moitié des dentistes de l’agglo d’Angoulême seront en retraite».

Un peu comme les généralistes qui vieillissent sans trouver de remplaçants. Les syndicats et l’Ordre réfléchissent, à une augmentation du numerus clausus, à des incitations fiscales.

Pareil pour les infirmiers libéraux. Véronique Hantzberg, la présidente de l’Ordre sait que les incitations sont limitées. Il existe bien des zones réglementées, mais «seuls les secteurs très surdotés sont interdits, s’il ne s’agit pas de remplacer un départ». En Charente, cela ne concerne que Soyaux. Et les secteurs urbains restent les plus attractifs, au détriment des zones rurales. Trop de kilomètres, trop peu remboursés.

À La Rochefoucauld, le ratio, c’est moins de 60 infirmiers pour 100.000 habitants. Une zone sinistrée, pour l’ARS. «Il y a de la place», plaide Véronique Hantzberg.

C’est même pire chez les kinés. «La moyenne nationale, c’est 98 pour 100.000 habitants, aligne Emmanuel Boisseaud, le président du conseil de l’Ordre. Dans la région, c’est 79. En Charente, c’est 58. Le territoire n’attire pas.» Pourtant, la profession a la cote. Les facs et les écoles sont pleines. Les kinés sont 250 en Charente, 600 en Charente-Maritime.

Dans un tableau bien sombre, l’ARS dit entrevoir une lueur d’espoir pour… 2030. A cette date, la tendance devrait s’inverser et les territoires comme la Charente prendre leur revanche sur des littoraux surpeuplés.(...)