Les prescriptions médicales autorisées aux infirmiers libéraux


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Cet article a été publié le 02/05/2014 par . . et a été consulté 4.247 fois.

Des ordonnances prescrites dans le cadre des soins infirmiers

Tout d’abord il est important de préciser que l’arrêté en vigueur publié par le ministère du Travail de l’Emploi et de la Santé du 20 mars 2012 au Journal Officiel abroge de ce fait le précédent arrêté du 13 avril 2007.

Voici donc la liste des dispositifs médicaux concernés, à savoir que les infirmiers sont autorisés à les prescrire « lorsqu’ils agissent pendant la durée d’une prescription médicale d’une série d’actes infirmiers et dans le cadre de l’exercice de leur compétence […] sauf en cas d’indication contraire du médecin » :

articles pour les pansements (compresses stériles, coton hydrophile, bandes extensibles…)
cerceaux pour lit de malade
dispositifs pour le traitement de l’incontinence et pour l’appareil urogénital
dispositifs pour les perfusions à domicile.
Peuvent être prescrits, cette fois sous condition d’information préalable auprès du médecin traitant désigné par le patient :

les matelas ou coussins d’aide à la prévention des escarres
certains pansements (hydrocolloides, hydrocellulaires…)
les sondes consacrées à la nutrition entérale à domicile
les dispositifs de contention des membres inférieur (dans un renouvellement à l’identique du généraliste)
les accessoires d’auto surveillance glycémique.
Enfin depuis le 17 juillet 2012 viennent s’ajouter à ces prescriptions autorisées le renouvellement des contraceptifs oraux, ce qui laisse quelque peu songeurs nos infirmiers…

Prescrire la pilule alors que la prescription des vaccins n’est toujours pas généralisée ?

Vaste débat qui laisse place à de multiples interrogations sur les visions diversifiées du rôle de l’infirmier libéral dans la sphère des professionnels de santé. Pourtant, face à la recrudescence de grossesses non désirées et une forte hausse des IVG, pouvoir élargir le champ de la prescription des contraceptifs oraux semble une évidence.

Toutefois si l’on ne peut que se satisfaire de cette possibilité pour les infirmières scolaires au public particulièrement sensible, cela laisse plutôt perplexe les deux autres corps de métiers concernés par cette nouveauté en particulier les infirmiers libéraux.

pillule1L’article L.4311-1 du code de la santé publique précise que vous, les IDELS, êtes « autorisés à renouveler, pour une durée maximale de six mois, non renouvelable, les prescriptions des médicaments contraceptifs oraux datant de moins d’un an, sauf s’ils figurent sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la Santé ». Une liste qui, par ailleurs, comporte notamment les fameux contraceptifs de 3ème et de 4ème génération largement controversés actuellement de par leurs risques de thromboses dont la prévalence reste à évaluer.

Ainsi certains syndicats de médecins généralistes ont décidés de boycotter cette mesure en inscrivant sur l’ordonnance initiale prescriptive une mention « non renouvelable », estimant qu’une mesure de dépannage était envisageable mais que « les infirmières, comme les pharmaciens, n’ont pas, dans les conditions actuelles, les moyens de pouvoir procéder au renouvellement de la contraception en toute sécurité. ». D’autre part ils estiment que « la responsabilité des professionnels de santé ne doit pas être galvaudée. », car au final être le prescripteur d’un médicament qui nécessite une réelle consultation n’est pas sans conséquence ni pour le professionnel infirmier ni pour la patiente…

Cette initiative de prescription surprend donc par sa possible incongruité, surtout lorsque l’on sait que les syndicats infirmiers réclament depuis des années le droit de vacciner directement leurs patients alors qu’on ne les a autorisés qu’à ne vacciner que les personnes à risques. Les infirmiers libéraux pourraient donc être capables de délivrer des médicaments mais pas d’administrer des vaccins ? Étrange logique…

Béatrice Galvan, vice-présidente de l’Onsil, s’interrogeait ainsi en 2010 : « On a le droit de renouveler la pilule, mais on n’a pas le droit de prescrire de la Bétadine![…] De plus, c’est encore un acte gratuit, alors que la prescription relève nécessairement d’une consultation. ».