Fausses alertes à Ebola en France, en Belgique,... Décès le 14 octobre d'un employé soudanais de l'ONU en Allemagne, contamination, annoncée dimanche dernier, d'une infirmière à l'hôpital de Dallas (Etats-Unis)... La panique semble gagner tous les pays. En France, une critique du SNPI sur le manque d'information des infirmières a été reprise par tous les grands médias. Une alerte que certains trouvent exagérée.
©OMS
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Tout est parti d'un communiqué du syndicat, repris par une dépêche AFP, le 13 octobre, dénonçant "l'omerta (des pouvoirs publics) sur Ebola".
"Alors qu'elles sont en première ligne, en France, les infirmières n'ont aucune information des autorités ! », fustige le SNPI-CFE-CGC dans un communiqué.
En France, les infirmiers « manquent cruellement d'informations » de la part du ministère, des agences régionales de santé (ARS), des hôpitaux. « Que faire quand un cas suspect se présente ? Dans les hôpitaux, nous avons du matériel d'isolement simple, mais pas adapté à un cas avéré d'Ebola. Où trouver le matériel, à qui s'adresser ? », s'interroge le syndicat.
« Face aux carences méprisantes des autorités qui [les] considèrent visiblement comme des agents d'exécution et non des professions de santé de première ligne », le syndicat infirmier indique qu'il a publié des informations sur son site Internet.
Selon le syndicaliste, la plupart des hôpitaux ne publient pas les procédures recommandées par le ministère de la Santé en cas de contact avec un malade. Le problème se pose notamment en dehors des douze hôpitaux de référence. Aussi demande-t-il l'affichage de notes d'informations et l'organisation de réunions "pour que tout le monde soit opérationnel."
Le ministère mise sur la transparence
"Il n'y a pas d'omerta, les directives et les recommandations sont diffusées en interne", note Hugues Dechilly, secrétaire général du syndicat Resilience et infirmier au CHU de Strasbourg. Ce dernier ironise sur le fait que les informations diffusées sur le site du SNPI... sont d'origine ministérielle ou, du moins officielle.
La DGOS a également demandé à l’Ordre national des infirmiers de publier et de diffuser auprès de l’ensemble des infirmiers inscrits à l’Ordre – ce qui couvre une grande partie des infirmières libérales - un document de recommandation.
Principale mesures pour l’infirmier hors centre de référence : isoler le patient en l’informant ; éviter tout contact physique, porter un maque FFP2 (ou à défaut chirurgical), une paire de gants (de préférence en nitrile), une surblouse à usage unique et des lunettes de protection largement couvrantes ; faire porter au patient un masque chirurgical et appeler le 15.
Si l’infection du patient est confirmé, le professionnel de santé devra prendre sa température deux fois par jour (et vérifier qu’elle ne dépasse pas 38°) pendant 21 jours. Il sera contacté pour faire le point tous les jours par un correspondant de l’ARS.
Pour rappel, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a indiqué lors d’une audition à l’Assemblée qu’à « ce jour, 350 signalements ont été effectués auprès de l’InVS (Institut de veille sanitaire) et 10 cas ont été considérés comme possibles, ont donc été testés et se sont tous révélés négatifs ».
Un n° vert (0 800 13 00 00) a été mis en place pour informer le public sur le virus et un point hebdomadaire est prévu au ministère de la Santé.
Principal problème : un manque d'effectif au cas où...
"En cas de crise sanitaire, on est prêt, tout le matériel est disponible. Les directives arrivent dans les établissements, les procédures sont connues", estime Nathalie Depoire, présidente de la coordination nationale infirmière, même s'il "reste à savoir si tous les maillons ont suivi", car l'organisation relève de chaque établissement.
"On est armé en terme de formations pour les risques sanitaires (nucléaire, bactériologique, chimique) pour faire face aux situations d'urgence. La crainte serait plutôt qu'il y ait un problème d'effectifs", déclare-t-elle.
En effet, "avec les rationalisations budgétaires, à force de diminuer les effectifs, de les fragiliser, la crainte c'est qu'en cas de crise sanitaire il n'y ait pas suffisamment de monde sur le pont", redoute la représentante syndicale.
La survenue d'un cas en France semble désormais plus que probable. Bernard Debré, député UMP, urologue et ancien chef de service de l'hôpital Cochin a affirmé que "dans une semaine, il y aura des cas en France", ajoutant que "le système d'alerte en France" peut "bloquer une épidémie".
Le Pr Goudeau, virologue au CHU de Tours, constate de son côté, des carences majeures dans la formation des personnels, et un évident manque de moyens techniques adaptés.
En Afrique, le manque d’équipements de protection, préoccupe déjà les experts : "pour le moment", estime Claude Mahoudeau, responsable terrain de MSF, présent à Macenta, dans le sud de la Guinée. Nous avons encore des réserves. On fait attention à ne pas gaspiller, tout en prenant les précautions nécessaires près des malades."
Un virus plus contaminant que prévu ?
Par ailleurs, les spécialistes estiment que la capacité contaminante du virus serait peut-être plus forte que les premières déclarations l’ont laissé croire, selon un document mentionné par Jean-Yves Nau, médecin et journaliste dans le site Slate.fr.
Ses auteurs rappellent soulignent notamment que «la capacité du virus à pénétrer la peau saine ne peut être exclue. Si elle est hautement improbable, elle ne peut être exclue».
«La concentration virale est élevée dans l’ensemble des liquides biologiques (jusque 107 unités/ml sang), précisent-ils. En termes de survie et de résistance dans l’environnement, il persiste certaines incertitudes. Il s’agit certes d’un virus enveloppé assez fragile, mais la survie pourrait cependant être de plusieurs jours sur un support solide.»
Pour les spécialistes français, «il existe une incertitude sur la possibilité d’une réelle transmission aéroportée chez l’homme, alors qu’elle a été rapportée dans un modèle animal». «Une aérosolisation des liquides biologiques contaminés suivie d’un contact avec les muqueuses buccales nasales ou oculaires (centrifugation, ouverture de tubes, pipetage par exemple) serait susceptible d’entraîner un risque de transmission au laboratoire. Il existe également une possibilité de transmission “gouttelettes” au contact des patients», ajoutent-ils.
D ‘où l’importance d’une protection sans faille. Rappelons-le, dans les pays touchés, 416 soignants ont déjà contracté la maladie à virus Ebola et 233 en sont déjà morts.
Les soignants face à Ebola : omerta ou transparence ?
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Cet article a été publié le 17/10/2014 par Brigitte . et a été consulté 3.571 fois.