Santé : Des déchets bien gênants


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Cet article a été publié le par brigitte bibi13 et a été consulté 15.347 fois.

Comment sont pris en charge les déchets à risques infectieux des professionnels de santé .Tour d'horizon en Dordogne

Lors des soins à domicile, les objets coupants ou tranchants sont souvent collectés par les professionnels. Il n'en est en général pas de même des compresses ou pansements. archives « so »
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Pansements, cotons, compresses, sondes ou encore aiguilles font partie de ce que l'administration appelle les Déchets d'activités de soins à risques infectieux (Dasri). Ces résidus, la plupart du temps invisibles aux yeux du grand public dans les cabinets des praticiens, deviennent plus gênants lorsqu'il s'agit de soins à domicile.

L'Institut de veille sanitaire (INVS) vient de publier une étude sur « la prise en charge des Dasri par les professionnels de santé en secteur libéral » (1). L'enquête a été réalisée en 2009, auprès de spécialistes tels que les kinés, infirmiers, chirurgiens-dentistes ou généralistes qui sont « responsables de la production à l'élimination » de ces détritus particuliers, selon le Code de la santé publique.

Le bilan montre que l'on peut mieux faire, mais ces résultats restent à nuancer selon les professionnels.

1 L'état des lieux en Dordogne

Les déchets de soins représentent 79,5 % de la production de ces professionnels. Près de 30 % des infirmiers interrogés ont estimé que leur poids était supérieur à 5 kilos par mois. En Dordogne, une grande partie des personnes sondées a confié faire appel à une société de collecte ou les porter dans un centre de regroupement. Cependant, plus de 20 % optent pour une autre solution, qui bien souvent se résume au sac noir d'ordures ménagères.

Si, à domicile, les objets coupants et tranchants sont souvent collectés, il n'en est pas de même pour les compresses et autres pansements. Les raisons ? Un coût d'élimination trop onéreux, des difficultés à identifier un collecteur ou encore une absence d'information pour 32,7 % d'entre eux.

2 L'avis des professionnels

Du côté des professionnels de santé et principalement des infirmiers, les plus concernés par les soins à domicile, on relativise les chiffres avancés par cette étude. « C'est un faux problème, explique Denise Ciriotti, infirmière libérale à Villefranche-de-Lonchat et membre du Syndicat national des infirmiers libéraux. Les professionnels dans l'ensemble font le nécessaire. Il faut également se dire que beaucoup de gens réalisent leurs propres soins à domicile. »

Pour elle, il s'agit d'un problème d'hygiène publique au même titre que le tri sélectif des ordures. « C'est vrai que le ramassage coûte cher. Pour moi, c'est entre 150 et 200 euros par an. Mais il faudrait voir si il n'y a pas moyen d'inclure cela dans la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, poursuit-elle. Nous, nous sommes obligés de payer pour ces déchets. Il faudrait également responsabiliser les patients. »

Charles Sanchez, président de l'Ordre des infirmiers de Dordogne, évoque pour sa part un problème complexe. « La plupart des infirmiers font ce qu'il faut pour qu'il n'y ait pas de risques avec les coupants et les tranchants. La difficulté, ce sont les autres déchets, tout ce qui est volumineux. Nous ne pouvons pas transporter de sacs de Dasri ! La solution serait que les entreprises de collecte passent chez les particuliers, mais elles ne veulent pas. Nous avons des obligations en tant que professionnels, mais si j'apprends à un patient à réaliser ses pansements et qu'il les fait seul ensuite, lui n'est plus concerné par l'obligation du code de santé publique », explique Charles Sanchez.

Et de s'interroger sur tous ces « fluides potentiellement infectieux » rejetés par les particuliers dans les sacs noirs, sans contrôle, comme les protections anatomiques, les tampons hygiéniques ou encore les couches pour les enfants.

3 Les solutions envisagées

Karine Trouvain, directrice de l'Agence régionale de santé en Dordogne (ex Dass), a pris connaissance de ce rapport et des recommandations avancées. « Ce dossier fait partie de mes programmes d'action dans les prochains mois, explique Karine Trouvain. Nous allons élaborer un document pour les professionnels de santé sur ce chantier avec les conseils départementaux de l'ordre, et voir comment répondre à ces attentes. »

La directrice note que les professionnels ont souvent peu de détritus et la solution envisagée n'est pas la même en fonction du poids. « Nous devrons voir s'il n'y a pas intérêt à pouvoir mettre en commun les déchets. C'est une piste de réflexion », poursuit Karine Trouvain.

« Les professionnels ont la possibilité de signer des conventions avec des maisons de santé pour la collecte des déchets », rappelle pour sa part Charles Sanchez.

Mais pour tous, l'élimination des Dasri doit être prise dans sa globalité et induire une « notion de tri supplémentaire » auprès de toute la population.

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