Nora Berra, Secrétaire d'Etat à la Santé © DICOM-DEACG Jean-Philippe SOMME
- Quels sont vos chantiers prioritaires concernant la profession infirmière pour 2011 ?
Nous comptons mettre en place plusieurs mesures en faveur de la médecine de proximité qui concerneront directement la profession infirmière. Nous voulons faciliter l’installation des professionnels de santé grâce aux Agences régionales de santé (ARS) et favoriser le travail pluridisciplinaire en ville à travers, notamment, l’établissement d’une structure juridique fiable pour les maisons de santé pluridisciplinaires.
Des discussions vont aussi avoir lieu sur les nouveaux modes de rémunération en libéral dans le cadre de la négociation conventionnelle entre les partenaires et l’assurance maladie. Je serai très attentive aux innovations en la matière et, bien sûr, au respect du taux d’évolution des dépenses d’assurance maladie.
Je serai aussi totalement investie dans la question des formations. La revalorisation du diplôme d’infirmier au niveau Licence dès 2012 est déjà une très bonne chose. Concernant les paramédicaux et notamment les infirmiers spécialisés, la réforme LMD se poursuit, et j’aimerais qu’elle concerne également les cadres de santé. Ce sera mon prochain chantier. Je souhaite aussi que nous avancions sur la question des Masters paramédicaux. La mission Hénart apportera certainement des propositions concrètes sur ce sujet d’ici le mois de février.
Enfin, je souligne l’investissement des infirmiers dans les Programmes hospitaliers de recherche infirmière et les coopérations. Je souhaite les soutenir de toutes mes forces pour que ces évolutions, considérables pour la profession, puissent prendre toute leur ampleur.
- Quatre ans après sa création, l’ordre infirmier reste massivement impopulaire auprès des infirmiers. Seule 15% de la profession était inscrite en décembre, à peine 10% à jour de leur cotisation. Comment réagissez-vous face au désaveu de cette structure ?
L’Ordre infirmier a été créé pour les infirmiers et infirmières. J’observe qu’un certain nombre d’entre eux le vit comme une contrainte en raison de la cotisation perçue comme trop élevée. Je rappelle que l’Ordre est indépendant pour fixer le montant de ses cotisations.
Il ne faut pas oublier qu’au cours des débats parlementaires il avait été fait mention d’une cotisation symbolique. J’espère qu’une solution consensuelle puisse se dégager afin que l’Ordre soit en mesure de trouver toute sa place.
Mais apportez-vous votre soutien à l’ordre ? Une proposition de loi pour dispenser les infirmiers salariés de l’inscription à l’ordre a été déposée et a reçu le soutien de Roselyne Bachelot en mai dernier. Quelle est votre position?
Pour l’heure, nous souhaitons continuer la concertation avec les professionnels.
- Les unions régionales des professionnels de santé semblent aussi susciter un fort désintérêt chez les infirmiers libéraux : le taux d’abstention de la profession frise les 75% aux dernières élections. Quelle est votre réaction ?
Je ne tirerai pas des enseignements aussi hâtifs au sujet d’une structure nouvelle qui peut légitimement apparaître encore « abstraite » pour nombre de professionnels. Je suis convaincue que ces structures de représentation au niveau régional vont rapidement faire leurs preuves. Il est très important que les libéraux aient une vraie place dans la discussion régionale.
Des choix majeurs y sont faits, et je sais que les infirmiers libéraux élus aux URPS sauront se faire entendre et apporter une plus-value tangible.
- La coopération entre médecins et infirmiers est un des grands chantiers lancés par la Haute autorité de santé. Comment le ministère et votre secrétariat d’Etat comptent-ils accompagner ce projet ?
La Haute Autorité de Santé et la DGOS ont publié à l’automne un guide méthodologique pour permettre aux professionnels de se lancer dans l’aventure et je me félicite de constater que plusieurs projets sont déjà en train d’aboutir. La coopération n’est pas imposée, et nous savons pouvoir compter sur l’innovation des équipes.
Les outils sont là, proposés aux professionnels, ils s’en saisissent comme ils le souhaitent, en fonction de leurs pratiques et de leurs priorités.
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Propos recueillis par Amélie Cano