Au cours d’une rencontre entre la présidente de l’Ordre national infirmier et le cabinet de Xavier Bertrand le 1er mars, l’équipe ministérielle a rappelé en termes clairs sa position: faute d’un accord sur une cotisation à 30 euros maximum, l’état laissera l’ordre aller jusqu’à la « cessation de paiement ».
Si on en croit les propos du ministère rapportés par Dominique Le Boeuf dans une lettre dont ActuSoins a obtenu copie, le temps n’est plus aux précautions de langage.
Faute d’une cotisation à moins de 30 euros, d’un budget adapté à cette cotisation et d’une renégociation avec les organismes prêteurs, l’Etat laissera l’Ordre aller jusqu’à la « cessation de paiements ».
En outre, l’équipe du ministère demande la proposition d’un mode de fonctionnement allégé, fondé sur la disparition de l’échelon départemental ou sur la simplification des procédures d’inscription.
Pour la première fois, Dominique Le Boeuf évoque sans fard une situation financière que l’on peut raisonnablement qualifier de catastrophique, avec un déficit cumulé de 5 200 000 euros qui s’alourdit en moyenne de 600 000 euros par mois. Et d’ajouter : ‘Notre banque ne peut (…) envisager de renouveler son prêt à une institution (…) dont l’Etat encourage le boycott et qu’il conduit ainsi inéluctablement à l’asphyxie »
Adressée à Xavier Bertrand, la lettre est en fait destinée aux élus ordinaux avec un objectif politique. En soulignant à gros traits la volonté d’ingérence de l’Etat dans l’organisation d’une structure de droit privé, Dominique Le Boeuf aimerait voir les élus nationaux réagir face à ce qu’elle a toujours considéré comme un affront insupportable vis à vis de l’Ordre et de la profession infirmière en général.
Pas sûr que la mission soit réussie. Les dissensions internes paraissent à présent irréconciliables, et l’argument ne porte plus guère. En outre, avec cette lettre au style mêlant accusation et victimisation si caractéristique de la présidente de l’Ordre, ceux qui réclamaient un changement de ton vis à vis du ministère de la santé en seront pour leurs frais.
Thomas Duvernoy