RETRAIT DES NÉGOCIATIONS CONVENTIONNELLES : UN MANQUE DE CONSIDÉRATION, UNE POLITIQUE SANS ENVERGURE


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 137 fois.

► Convergence Infirmière appelle à des actions simples, concrètes et retentissantes… pour un coût facturé entre 0€ et le prix d’un timbre !

Les trois syndicats représentatifs – Convergence Infirmière, la FNI et le Sniil – se sont, d’un commun accord, retirés des négociations conventionnelles le 11 juillet dernier. Notre but : signifier à Nicolas Revel, Directeur général de la Caisse nationale, que les réponses apportées à notre profession n’étaient pas à la hauteur des enjeux pour notre profession, ni de l’intérêt des patients. Faut-il rappeler que les infirmières jouent un rôle primordial au domicile des patients, et ce 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ? Elles sont le seul maillon assurant la continuité des soins, qui plus est dans un contexte de pénurie, puisque les médecins ferment de plus en plus tôt leur cabinet (17 ou 18 heures) et sont généralement injoignables durant les vacances scolaires…

NOTRE VOLONTÉ : FAIRE ÉVOLUER LES RELATIONS CAISSES/INFIRMIÈRES

Lors des négociations conventionnelles ayant duré une année pleine, les trois syndicats n’ont pas manqué d’émettre différentes propositions destinées, notamment, à améliorer les rapports conflictuels existant entre les caisses et les infirmières.

Pour exemple, Convergence Infirmière, lors d’une réunion antérieure aux négociations, prônait une modification et, finalement, une mise à jour de la NGAP, afin de réellement ″coller″ au terrain… et ainsi éviter aux infirmières de devoir s’acquitter d’indus, lorsqu’elles se voient confrontées à certaines demandes des patients en matière de soins (ceux que la nomenclature ne reconnaît pas, comme la prise de TA ou l’administration de médicaments, par exemple).

DES LIBELLÉS OBSOLÈTES, UNE NGAP D’UN AUTRE TEMPS…

Les infirmières sont également confrontées à des problèmes récurrents de libellés, puisque ces derniers ne sont pas en adéquation avec la NGAP… ce qui, in fine, entraine des indus. Quel est donc le crime de ces IDEL, qui ne font qu’effectuer des soins dûment prescrits, quand bien même la sémantique ne coïncide pas intégralement avec la nomenclature ?

Cela fait-il de ces professionnelles de santé des escrocs, comme semble le penser les caisses ? Ne soignent-elles pas sans délai, lorsqu’un patient les appelle ?

Et puis, quid de leur rôle de prévention, d’éducation, de coordination et d’organisation des soins ? Ces différents aspects ne sont jamais valorisés… quand ils ne sont pas intégralement ignorés ! Pourtant, leurs compétences, dans le contexte économique et social actuel, difficile, devraient être mises en exergue, afin de les inciter à être plus performantes encore ! Ce n’est malheureusement pas le chemin emprunté par la caisse…

LA PRÉVENTION, RÔLE PROPRE DE L’INFIRMIÈRE… ET VOLONTÉ DU PRÉSIDENT MACRON

Souvenez-vous : au tout début de son mandat, le Président Macron disait vouloir faire de la prévention un axe majeur de sa politique de santé. Une démarche fondamentale pour éviter les complications, avant même qu’elles n’apparaissent.

Aussi, afin de faire coïncider la vision présidentielle et le rôle propre de la profession infirmière, tel que notifié dans leur décret de compétences et dans toutes les recommandations ou travaux internationaux, Convergence Infirmière a remis plusieurs propositions s’inscrivant pleinement dans la prévention et l’éducation : la création d’une consultation de prévention infirmière (afin de dépister les personnes à risque et ainsi prévenir la dépendance), la prévention des maladies cardiovasculaires comme celle du diabète de type 2, ou encore le suivi des pathologies chroniques, pour minimiser le risque d’aggravation de la maladie.

Malheureusement, en dépit du bon sens et de la volonté exprimée par le Président de la République, nos propositions n’ont pas trouvé le moindre écho.

DES PROPOSITIONS INNOVANTES ET ADAPTÉES AU TERRAIN

Pourtant, nous n’avons jamais ménagé nos efforts. Et depuis juillet 2017, date du début des négociations, de multiples travaux de réflexion ont été menés. Innovants, pour la plupart d’entre eux. Y était préconisée la création d’un nouvel acte : une visite de surveillance clinique infirmière. Pour des patients opérés en chirurgie ambulatoire, post op à J0 et, selon la chirurgie, jusqu’à 5 visites, pour des patients cancéreux, au 11ème jour pendant l’inter-cure de chimiothérapie, mais également pour assurer le suivi des chimiothérapies PER OS. Hormis ce qui concerne la chirurgie ambulatoire, rien n’a été retenu.

Convergence Infirmière a également contribué, comme les autres syndicats, aux travaux de réflexion sur la iatrognénie, au travers du bilan d’évaluation médicamenteux. Mais la prise en charge d’un patient poly médique, en lien avec le médecin et le pharmacien, est très largement sous-cotée ! Le pharmacien, pour effectuer le même travail que l’IDEL, se voit rétribuer d’un forfait de 60€, alors que nous devons nous contenter d’un AMI5.1… soit 16,065€ ! Où est la logique ? Cette injustice flagrante nous donne la juste mesure de la considération qui nous est portée : celle que l’on accorde aux laissés-pour-compte !

IDEL VS MÉDECINS : 40 MILLIONS À 1,3 MILLIARD… ON REFAIT LE MATCH ?

Concernant les pansements lourds et complexes, nous avons préconisé un bilan d’évaluation de la plaie, et nous avons défendu le Bilan de Soins Infirmiers, véritable évaluation de la dépendance, nécessitant un raisonnement clinique infirmier… qui constitue l’essence même de notre métier. Mais nos propositions n’ont pas été retenues.

Finalement, pourquoi s’en étonner ? Ce mépris s’inscrit dans la droite lignée de ce qui a précédé… Nicolas Revel ne veut pas d’augmentation de la lettre clef inflationniste mais des soi-disant mesures structurantes…. Que va-t-il donc rester aux IDE, ″bénéficiaires″ de 40 millions d’euros quand, dans le même temps, les médecins se voient attribuer 1 milliard 300 000 € ?

Pourtant, c’est bien grâce aux IDEL que l’Assurance Maladie va réaliser de substantielles économies ! Notamment via le virage ambulatoire et la surveillance des patients, lors de leur retour précoce à domicile, en évitant les complications, en repoussant la dépendance par le repérage de la fragilité, en travaillant en inter pro, afin d’améliorer le suivi des patients chroniques et/ou dépendants, en dépistant au plus tôt les patients, pour éviter qu’ils ne deviennent chroniques, et en évitant les complications en les éduquant…

Malheureusement, le constat est aussi triste qu’affligeant : l’Assurance Maladie ne voit pas plus loin que le bout de son nez… ou joue à un jeu de dupes. Les économies annoncées ne concernent que le très court terme, alors qu’un réel investissement politique et financier – comme un renforcement de l’exercice libéral infirmier – pourrait, à terme, éviter bien des dépenses !

+ 0,50 CENTIMES EN 15 ANS : SANS COMMENTAIRE

Pour rappel, nos indemnités forfaitaires de déplacement (IFD) ont été revalorisées de 0,50€ centimes en 15 ans ! À 2,50€ chargé, comment peut-on payer sa voiture, les frais d’entretien, les frais d’assurance, les frais de stationnement et son carburant ? Cela alors que, dans le même temps, les médecins ne se rendent quasiment plus en visite à domicile, pourtant facturé 10€ le déplacement !

Le prix du gasoil n’en finit pas d’augmenter, année après année, la faute à la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) comme à la hausse de la composante carbone de la taxe. Si les transporteurs routiers, les agriculteurs, les pêcheurs et les chauffeurs de taxis ne subissent aucune hausse de leur charge fiscale, ″étonnamment″, rien n’a été prévu pour les infirmières libérales ! Sans compter que depuis le début de l’année, certaines municipalités veulent imposer des cartes de stationnement dont le tarif est, pour le moins, prohibitif. Au point que les professionnels de santé ne pourront bientôt plus assumer cette charge.

Faut-il rappeler que 90% de la patientèle des IDEL vit à demeure ? Va-t-on prendre le risque de voir apparaître des zones ″blanches″, délaissées par ces professionnelles de santé ? C’est pourtant bien grâce à leur implication que de nombreuses hospitalisations sont purement et simplement évitées…

SOLLICITEZ VOS PARLEMENTAIRES ! ILS SONT LÀ POUR VOUS REPRÉSENTER !

Face à ce manque de considération clairement affiché, face à cette absence de vision à long et moyen terme, face à cette incapacité à investir pour relever les défis de demain, Convergence Infirmière appelle tous ses membres siégeant en CPD et CPR à se rendre à la prochaine commission, afin d’y lire une déclaration liminaire agrémentée de nos propositions pour la profession.

Bien entendu, Convergence Infirmière accompagnera toutes les actions menées par les autres syndicats infirmiers, dès lors qu’elles ne seront préjudiciables ni à nos adhérents, ni à la profession. Nous encourageons également toutes les infirmières à télécharger une lettre aux députés et aux sénateurs, puis à l’envoyer à leur parlementaire, afin de faire évoluer la situation de blocage que nous subissons.

RENDONS VISIBLE CE QU’ON NOUS INTERDIT DE FACTURER !

Par ailleurs, nous appelons les infirmières à comptabiliser tous les actes gratuits, ceux que l’on ne voit jamais, ceux qui ne sont jamais payés, car jamais facturés… mais qui sont tout de même exécutés par vos soins !

Nous vous invitons à les facturer ″0€″, puis à tous les télétransmettre, et ce dès le troisième acte effectué, mais aussi pour tous ceux qui ne sont pas comptabilisés dans les AIS.

Les caisses seront alors obligées de les traiter : une façon d’interférer dans le système et de le déstabiliser, afin de nous faire entendre et de montrer à tous le nombre de tâches que nous effectuons sans qu’elles ne soient jamais rétribuées !

AGISSEZ : FACTUREZ CHAQUE JEUDI UN ACTE SUR PAPIER !

Nous encourageons également les infirmières à participer une action symbolique… mais pas seulement ! Il s’agit de facturer un acte – et un seul – en ″feuille papier″, et ce tous les jeudis, à partir du 20 septembre.

Nous insistons : il est impératif de poster le courrier le jeudi, afin ″d’emboliser″ les caisses par un envoi massif simultané. Et les difficultés de traitement qui en résulteront.

Nous travaillons actuellement sur la mise en œuvre d’autres actions, que nous vous communiquerons sous peu. Bien sûr, nous restons également ouverts aux actions proposées par les autres syndicats, afin d’opposer un front commun au Gouvernement, et ainsi faire évoluer cette affligeante situation au plus tôt.

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