Hommage aux Infirmiers libéraux


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Cet article a été publié le par Brigitte Femenia et a été consulté 136 fois.

Les infirmiers aident les malades chroniques depuis longtemps. Pour leur rendre hommage, Baptise Beaulieu a souhaité partager cette consultation d’une collègue Infirmière à domicile.

"Infirmière libérale , j’interviens chez Antoine 37 ans , atteint d’une myopathie qui le paralyse progressivement et qui va raccourcir considérablement son espérance de vie. Antoine a 37 ans, j’en ai 34…

Il est totalement dépendant, seule l’extrémité de son index droit bouge encore un peu, ainsi que son menton… comme beaucoup de patients atteints de cette maladie, il ne peut, ni manger, ni respirer seul, et encore moins assumer ses soins d’hygiène ! Il est nourri par sonde, et respire grâce à un respirateur…

J’interviens donc, chez Antoine, tous les jours, tous les matins, pour lui faire sa toilette alors qu’il est alité, son change, son pansement de gastro-stomie, et une fois par semaine, le changement de sa canule de trachéotomie, puis je l’habille, j’installe le lève-malade pour qu’il puisse passer sa journée au fauteuil… l’installation est millimétrée, vu qu'il ne lui reste qu’une infime mobilité… Le doigt doit être positionné sur la télécommande qui active le fauteuil, la tête également car une manette y sera placée devant, pour faire tourner le fauteuil électrique grâce à son menton.

Laissez-moi vous parler d’Antoine, c’est un jeune homme qui, malgré sa maladie trouve toujours quelque chose à raconter. Il aime les poèmes, il aime la musique, et il aurait voulu rencontrer l’amour de sa vie, fonder une famille et avoir des enfants… Au fil des soins, une relation se tisse entre lui et moi, bien souvent, ce n’est pas facile, il est en colère et parfois même, il souffre.

Je prends en charge Antoine 37 ans, tous les jours, je veille à ce qu’il soit bien installé pour qu’il n’ait pas d’escarres, je surveille ses pansements de stomie pour qu’ils ne s’infectent pas, et comme j’ai une conscience professionnelle, lorsqu’il a du mal à respirer, et que sa maman a du mal à l’aspirer, elle m’appelle et je passe pour jeter un œil, de jour comme de nuit.

Il n’a que 3 ans de plus que moi et pourtant, il va bientôt mourir. Je fais le lien avec le médecin quand Antoine est malade, on veut éviter au maximum une hospitalisation, Antoine est fragile, il ne supporterait pas les structures.

Je prend soin d'Antoine pour 13,35 € bruts (soit à peine 7 € nets) par jour de soins. Alors que le travail est colossal chez lui… Je suis le seul cabinet infirmier du coin à accepter… Si j'arrête, qui s'occupera d’Antoine ?".

Voilà le témoignage que j’ai reçu d’une collègue infirmière libérale, dont la profession essaie désespérément d’alerter sur ses conditions de travail dans une indifférence qui fait mal au cœur.

Ce sont eux, les soignants que nous applaudissions hier. Ce sont eux qui soignent au quotidien nos frères, nos sœurs, nos parents, nos grands-parents. Ce sont eux qui leur apportent un peu de joie à domicile, et des soins de qualité.

Et ce sont eux, enfin, qui font faire des économies énormes à la société. Car je vais répondre à la question de ma collègue "si j’arrête qui s’occupera d’Antoine ?". Qui ? Le service hospitalier. Déjà surchargé. Et on ne parle plus de 7 euros nets, hein. Une journée d’hospitalisation, c’est en moyenne 1370 €.

Mes collègues infirmiers libéraux ne font pas que soigner, ils permettent à notre système de soin de réaliser des économies considérables sur leur dos

C’est grâce aux infirmiers libéraux que les temps d’hospitalisation sont raccourcis. Ce sont eux qui offrent À DOMICILE des soins palliatifs de qualité, des perfusions, des dialyses, les soins aux personnes insuffisantes respiratoires sous le respirateur artificiel, ou qui pansent et contrôlent les plaies sévères.

Leurs honoraires n’ont pas été revalorisés depuis 2009, concrètement cela signifie une perte de pouvoir d’achat de 25 % compte tenu de l’augmentation du coût de la vie.

Leur profession va mal. Mes collègues souffrent. Ça m’émeut et cela me révolte. Tout le monde aura un jour ou l’autre besoin d’un infirmier à domicile. Tout le monde.

vidéo reportage : hommage aux idel

Pour les soutenir, nous pouvons signer la pétition que le collectif "Infirmiers libéraux en colère" a mis en ligne. En la signant, on s’assure que leur mission continue, et pas n’importe quelle mission : celle d’être, dans notre pays, la seule profession qui se relaie 365 jours par an, 7 jours sur 7, 24 h sur 24 pour assurer la permanence des soins, le maintien et le retour à domicile de nos aînés, de nos enfants, de nos proches, mais aussi l’accompagnement jusqu’au dernier souffle pour d’autres. Ils ne nous abandonnent pas, ne les abandonnons pas.

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