Débâcle à l’Ordre infirmier : démission de la présidente et cessation de paiement
Monday 11 July 2011 par brigitte bibi13
Paris, le lundi 11 juillet 2011 – Depuis quelques mois, ce n’était plus seulement dans la bouche et les tracts des opposants historiques à la création d’un Ordre infirmier que l’on trouvait les mots les plus durs contre cette institution. Peu à peu, ceux-là même qui avaient milité pour la fondation d’une telle instance, voire même ceux qui en étaient les représentants en tant que conseillers (local ou national) multipliaient les diatribes à son encontre. En ligne de mire, principalement : les décisions de la présidente, Dominique Le Bœuf. De plus en plus isolée, la première présidente de l’Ordre national infirmier était en effet décrite en dame de fer, prenant les décisions de façon autoritaire et jugée responsable, entre autres phénomènes, de la débâcle de l’Ordre infirmier. L’entêtement avec lequel Dominique Le Bœuf défendit la nécessité d’une cotisation s’élevant à 75 euros, son opiniâtreté allant jusqu’à menacer les infirmières ne s’inscrivant pas au bureau de l’Ordre de les poursuivre pour « exercice illégal », exacerba les critiques. La présidente eu beau défendre sa vision d’un Ordre indépendant et ayant vocation à s’emparer de (presque) tous les sujets, l’hostilité s’observait jusque dans les rangs du conseil national. Bientôt, les prévisions budgétaires étaient elles aussi l’objet de controverses. Beaucoup s’interrogeaient sur la nécessité de maintenir telles ou telles dépenses. La révélation que la gestion de la communication de l’Ordre avait été confiée à une société dirigée par le frère de Dominique Le Bœuf finit d’attiser les suspicions.
Obtempération tardive
Dans cette lutte contre les siens, Dominique Le Bœuf aurait pu espérer une éclaircie avec le retour avenue de Ségur de Xavier Bertrand, qui avait présidé à la création de l’Ordre infirmier. Las, il se révéla bientôt un aussi faible soutien que son prédécesseur, Roselyne Bachelot. L’adoption à la fin mars de nouveaux tarifs de cotisation, s’élevant toujours à 75 euros pour les libérales, mais restreinte à 30 euros pour les salariés, une décision à l’encontre de la volonté profonde de la présidente, ne parvint pas à se révéler suffisamment convaincante pour séduire l’exécutif. Le ministère sembla considérer que ce geste intervenait de façon trop tardive pour influer son sévère jugement. Dans une lettre adressée au secrétaire général de la fédération des personnels publics et des services de santé de Force Ouvrière, le ministre de la Santé ne cache d’ailleurs pas son sentiment. « Le caractère tardif de cette mesure est tout à fait regrettable, puisque ce qui importait dès le début, et comme le ministère de la santé l’a rappelé à de multiples reprises, c’est que l’ordre infirmier se fasse accepter du plus grand nombre », écrit-il dans cette missive que Dominique Le Bœuf a reçu comme un affront final le 30 juin dernier.
Cotisation facultative pour les salariés !
Dans cette lettre, le ministre de la Santé plaide par ailleurs pour une cotisation « modique et facultative » pour les infirmiers salariés et une situation inchangée pour les infirmiers libéraux. Une proposition qui a fini d’exaspérer Dominique Le Bœuf qui a annoncé ce 8 juillet sa démission. « Je souhaite par cet ultime moyen protester de façon solennelle contre le mépris de l’Ordre » a-t-elle fait part dans une lettre adressée aux conseillers nationaux. Une décision annoncée au matin d’un nouveau conseil national qui promettait d’être encore une fois particulièrement difficile pour l’ex présidente : des appels à sa révocation avaient en effet été lancés.
Pas d’argent pour faire face aux « dépenses courantes »
Dans l’attente d’une (hypothétique ?) nouvelle élection, c’est le vice-président de l’instance, David Vasseur qui prend la relève de Dominique Le Bœuf. Les dossiers qui l’attendent sont particulièrement épineux. L’Agence de presse médicale (APM) a en effet révélé la semaine dernière que l’Ordre infirmier serait au bord de la cessation de paiement. Le site Actu Soins confirme ce matin qu’il pourrait être officiellement déclaré dans cette situation dans les 45 jours. Dans un mail adressé aux élus, le 9 juillet, David Vasseur a d’ailleurs confirmé que le « niveau de ressources » de l’Ordre ne lui permet pas aujourd’hui de « faire face aux dépenses courantes ».
Source : www.jim.fr